Le projet de loi sur la Refondation de l’école a été adopté en première lecture à l’Assemblée Nationale le 19 mars et au Sénat le 24 mai derniers (publication de la loi prévue fin juin – début juillet).
Pour tout ce qui touche au numérique dans cette réforme, M. Peillon préfère parler de « stratégie » plutôt que de « plan ».
Cette « stratégie » ambitionne de faire entrer l’école dans l’ère du numérique. Une quinzaine de plans consacrés au numérique l’ont déjà précédée, alors, en quoi innove-t-elle ?
Le plan proposé aujourd’hui part d’un constat : « Notre monde connaît aujourd’hui avec le numérique une rupture technologique aussi importante que le fut, au XVe siècle, l’invention de l’imprimerie. » (Faire entrer l’école dans l’ère du numérique, education.gouv.fr). En effet, aujourd’hui, 99 % des adolescents sont internautes, et 91 % des enfants de 12 à 24 ans possèdent un smartphone. Et ces adolescents passent plus de temps devant internet que devant la télévision. La génération 20/20 (celle de nos jeunes qui auront 20 ans en 2020) se trouverait donc en décalage face aux « méthodes conventionnelles d’enseignement ».
De nouveaux défis attendent l’école, entre autres « transmettre des savoirs à des enfants qui évoluent depuis leur naissance dans une société irriguée par le numérique« . Pour relever ces défis, il s’agit » de repenser en profondeur notre manière d’apprendre et d’enseigner ainsi que le contenu des enseignements. »
Un état des lieux qui incite à agir
Ce nouveau plan numérique part d’un constat, mais également d’un état des lieux résultant des précédentes politiques éducatives en matière de numérique.
- En moyenne, on compte dans notre pays 1 ordinateur pour 9 élèves de primaire, contre 1 pour 3,5 au niveau européen.
- Moins de la moitié des enseignants français ont recours au numérique dans leurs cours, et ceux qui en usent le font de manière peu fréquente.
- Moins d’un quart de nos enseignants permettent à leurs élèves de manipuler les TIC une fois par semaine.
- Environ 25 % des établissements scolaires français disposent d’un ENT.
Morceaux choisis
Voici quelques mots et phrases tirés des documents proposés à la lecture en bas de cette page :
- Le numérique peut aider l’école (…).
- Le numérique contribue (…) à améliorer l’efficacité des enseignements. Il constitue un pilier de la refondation pédagogique.
- Le numérique permet (…) de renforcer l’interactivité des cours en rendant les élèves acteurs de leurs propres apprentissages, d’encourager la collaboration entre les élèves et le travail en autonomie ; il offre des possibilités nouvelles pour les élèves en situation de handicap.
- L’intérêt éducatif du numérique (…) favorise l’implication des familles dans la scolarité de leurs enfants.
- (…) Il ne s’agit pas de passer au tout numérique, de renoncer au manuel papier ou à l’écriture manuscrite.
- Une véritable éducation aux médias (…) [pour] une maîtrise de l’information devenue aujourd’hui la condition d’accès aux autres savoirs.
- Les nombreux plans menés depuis les années 70 (…) se sont concentrés majoritairement sur la problématique des équipements.
- L’ambition pour le numérique à l’école (…) doit également traiter d’autres questions majeures telles que la formation des enseignants et la mise à disposition des contenus et services pédagogiques de haute qualité.
- Agir maintenant pour … mettre en œuvre les 2 priorités du gouvernement : l’éducation et le numérique.
Un principe : faire du numérique un levier de la refondation de l’école.
Des mesures annoncées et des dates
- La formation au et par le numérique fera partie intégrante des enseignements dispensés au sein des futures ESPE*, dans le cadre de la formation initiale comme de la formation continue.
- Rentrée 2013 : mise en ligne d’un premier jeu de modules de formation pour les (futurs) enseignants, préfigurant la naissance d’un « campus numérique ».
- Instauration d’un « Service public de l’enseignement numérique » pour compléter les enseignements existants et faciliter la mise en œuvre d’une aide personnalisée pour les élèves en difficulté.
- Dans cet esprit à la rentrée 2013 : mise en place d’un service public de soutien scolaire pour quelques 30 000 élèves en difficultés (pour le français, les mathématiques et l’anglais), proposition d’un dispositif interactif sur l’apprentissage de la lecture (pour les enseignants et les parents d’élèves de CP), offre de contenus et de services numériques pour l’apprentissage de l’anglais au 1er degré (English fo Schools), …
- Proposition d’un « réseau social » réservé aux enseignants : échanges, projets communs, contenus pour formation initiale ou continue, …
- Fin 2013 : proposition d’un ENT pour les écoles.
- Dès 2013 : installation du Conseil du numérique éducatif.
- L’introduction d’un enseignement de l’informatique est repoussée mais une option « informatique et sciences du numérique » sera ouverte en terminale de chacune des séries du baccalauréat général et technologique (rentrée 2014).
- …
*ESPE : Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Education.
A consulter
- Projet de loi pour la refondation de l’école, education.gouv.fr (Dossier de presse).
- Faire entrer l’école dans l’ère du numérique, education.gouv.fr (Dossier de presse).
Sébastien Delsinne – ATICE DDEC80